La force du collectif

Les structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) subissent, depuis une vingtaine d’années, une forte pression financière. Cela s’explique par la baisse importante des subventions publiques. En France, elles auraient chuté de 41 % entre 2005 et 20201.
Dans ce contexte incertain, de nombreuses structures de l’ESS cherchent de nouveaux leviers. Elles se tournent vers des financements privés : fondations, mécénat d’entreprise, partenariats hybrides et/ou misent sur la coopération. Qu’il s’agisse d’alliances, de fusions, de partenariats ou de consortiums, ces dynamiques permettent de mutualiser les moyens et de bâtir collectivement des réponses à la hauteur des enjeux.
L’expérience du collectif Impact Social par le Sport (ISS), accompagné par ScaleChanger aux côtés de l’AVISE dans le cadre du programme Graines d’Autonomie en offre une illustration concrète et inspirante.
Le sport comme levier d’impact social
Le socio-sport est défini comme un domaine d’activité utilisant le sport et l’activité physique en tant qu’outils permettant d’atteindre une diversité de finalités sociales. Il est un domaine d’activités variées, qui s’adresse prioritairement aux publics présentant des vulnérabilités multiples et des difficultés spécifiques. Il est aussi transversal à plusieurs politiques publiques parmi lesquelles l’éducation, le social, la santé, le travail, etc.
Bien que ce secteur bénéficie d’une reconnaissance croissante, il demeure confronté à plusieurs défis structurels :
- Une faible coordination entre acteurs, souvent isolés
- Des modèles économiques instables
- Un partage limité des savoir-faire
- L’absence de stratégie commune au niveau local et national
C’est dans ce contexte qu’est né le consortium Impact Social par le Sport, fondé par trois structures pionnières :
- L’association Rebonds!, basée en Occitanie et dans les Pyrénées-Atlantiques, qui utilise le sport comme outil d’éducation et d’insertion sociale et professionnelle à destination des publics en situation de fragilité.
- L’association DAHLIR, basée en Auvergne Rhône-Alpes et en Provence Alpes Côte d’Azur, qui facilite l’intégration sociale des enfants et adultes fragilisés via un parcours d’accompagnement sur-mesure au sein de clubs ou association de loisirs.
- L’association Breizh Insertion Sport, basée en Bretagne, qui utilise les activités physiques adaptés et socio-culturelles afin d’améliorer la santé physique et mentale des publics, de favoriser la réhabilitation / l’insertion sociale professionnelle et l’éducation citoyenne, notamment de publics jeunes en QPV au travers de dispositifs de “aller-vers”.
Le consortium bénéficie du soutien financier du Ministère des Sports, de l’ANCT (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires) et du PRNSI (Pôle Ressources National-Sport Innovations). Ces aides ont permis de développer les activités du collectif rapidement.
Ensemble, les structures du consortium cherchent à structurer et diffuser l’expertise du socio-sport. Elles souhaitent également rendre ces ressources accessibles à tous les acteurs concernés.
Les ambitions du consortium et les premières épreuves
Dès sa création, ISS s’est donné pour mission de co-construire et de diffuser des outils à destination des pouvoirs publics, des éducateurs et des acteurs sociaux pour développer le champ du socio-sport et promouvoir son utilité sociale. Rapidement, le projet a fédéré d’autres structures partageant cette ambition jusqu’à former, début 2024, un collectif de huit organisations.
Avec l’agrandissement du collectif, les premiers enjeux sont apparus, en particulier la nécessité d’une coopération plus étroite dans un cadre juridique formalisé. Il devenait essentiel de mettre en place une structure de collaboration plus claire, afin de permettre aux membres fondateurs comme aux nouveaux entrants de s’accorder sur des objectifs communs, de préciser les engagements, les rôles, les responsabilités et les modalités de participation de chacun, ainsi que de faciliter la mise en place de conventions avec certains partenaires stratégiques.
Fort de ces constats, le consortium a décidé d’engager une transformation vers un mode de coopération plus structuré avec la création d’une personne morale dédiée.
Comment passer d’un consortium informel à une organisation structurée ? L’entrée en jeu de ScaleChanger
Dans le cadre du programme Graine d’autonomie, ScaleChanger a accompagné les membres d’ISS dans la préfiguration de cette personne morale.
Les grandes étapes :
- Elaboration d’un diagnostic partagé entre les huit structures membres permettant de clarifier le positionnement du consortium, ses particularités et objectifs
- Elaboration d’une feuille de route partagée afin de structurer étape par étape le cadre de coopération au sein d’une personne morale dédiée
- Co-création d’une charte commune : vision, mission, valeurs, domaines d’action
- Appui à la projection du budget de la nouvelle structure (plusieurs scénarios)
- Appui à la formalisation du modèle d’organisation et de gouvernance cible d’ISS aux côtés de plusieurs avocats membres du collectif Impact Lawyers
Ces travaux ont été menés dans le cadre de 3 séminaires collectifs et de sessions de travail réalisées avec les directions des membres du consortium.
De plus, grâce à l’appui juridique d’Impact Lawyers, les membres ont finalisé la création d’une association dédiée. Cette structure permet de porter les projets, les financements, les recrutements et les partenariats collectivement.
Un modèle inspirant pour l’ESS
L’expérience d’ISS offre de nombreux enseignements pour l’ESS.
Elle montre comment coopérer pour avoir plus d’impact, même sans gros financements.
Lorsqu’elle est structurée, la coopération devient un levier stratégique pour :
- Renforcer la crédibilité : un cadre commun rassure les financeurs et donne du poids à la voix collective.
- Gagner en visibilité : une communication partagée valorise les actions et expertises des membres.
- Mutualiser les ressources : la mise en réseau permet de mieux coordonner et d’aligner les initiatives.
- Favoriser le soutien entre pairs : la coopération crée un cadre de confiance et d’entraide.
Réussir son alliance, les facteurs-clés de succès
Pour conclure, l’équipe de ScaleChanger partage quelques conseils clés transposables à d’autres secteurs pour une coopération entre acteurs réussie :
- Ancrer la coopération dans une vision claire et des objectifs partagés et portés collectivement ;
- Prendre en compte les réalités propres à chaque organisation et de chaque personne dans la construction d’un cadre de coopération renforcé, et favoriser pour cela l’interconnaissance humaine entre les membres, au-delà des seuls liens opérationnels et institutionnels qui les unissent ;
- Formaliser les modalités de fonctionnement de la coopération en tenant compte des spécificités de chaque structures, des capacités et volontés d’implication de chacun ;
- Construire une culture commune fondée sur la confiance, la transparence et l’engagement réciproque.
Vous êtes membre d’une alliance d’acteurs ou souhaitez en structurer une dans votre secteur ? ScaleChanger vous accompagne à toutes les étapes:
- Diagnostic de la coopération
- Alignement stratégique
- Animation de temps d’interconnaissance
- Structuration du modèle d’organisation et de gouvernance de la coopération
- Formalisation du modèle économique de la coopération
- etc
Pour aller plus loin
📙 Découvrez notre article dédié au sport comme levier de transformation sociale ici
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Date : 27 juin 2025
- Conseil économique, social et environnemental. (28 mai 2024). Financement des associations : face à la baisse des subventions, le CESE lance l’alerte – Avis « Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique ». ↩︎