Philanthropie basée sur la confiance
L’article aborde la complémentarité entre la philanthropie basée sur la confiance et la philanthropie stratégique, réfutant l’idée selon laquelle elle seraient antinomiques. Il met en lumière la façon dont l’approche basée sur la confiance, qui valorise les relations étroites avec les structures et une plus grande flexibilité dans les financements qui leur sont accordés, peut tout à fait être compatible avec la rigueur et l’orientation vers des objectifs spécifiques de la philanthropie stratégique. L’article encourage les philanthropes à intégrer cette approche dans leurs pratiques pour un impact social accru. |
Les idées reçues sur la philanthropie basée sur la confiance
La philanthropie stratégique, tournée vers des résultats mesurables, peut tout à fait coexister avec la philanthropie basée sur la confiance qui est souvent perçue, à tort, comme non stratégique ou « paresseuse ».
Les bienfaits/avantages de la philanthropie basée sur la confiance
La philanthropie basée sur la confiance repose sur un soutien financier non fléché vers les organisations. Elle valorise ainsi le temps, l’expertise et l’expérience des bénéficiaires et conduit à une efficacité et un impact plus significatifs.
En effet, cette approche philanthropique permet aux dirigeant·es de s’adapter aux changements, de réorienter leurs activités face à l’imprévu, et d’être en capacité de prendre des décisions importantes dans un monde en constante évolution.
La philanthropie basée sur la confiance met aussi en avant l’importance des relations ouvertes et de confiance entre les bailleurs et les structures bénéficiaires, ce qui tend vers une compréhension plus fine des besoins organisationnels et une plus grande réactivité de la part des dirigeantes et de leurs équipes.
Un autre bénéfice du soutien financier non fléché est qu’il rend les démarches administratives liées aux subventions moins contraignantes pour les dirigeantes et permet ainsi aux structures de se concentrer davantage sur leurs projets. La Fondation Woodcock, qui propose une aide financière pluriannuelle à ses bénéficiaires, est devenue beaucoup plus flexible dans le suivi des données et allocations des fonds des structures qu’elle soutient. Elle favorise en effet les appels téléphoniques plutôt que les rapports écrits, ce qui améliore les relations avec les dirigeant·es d’organisation tout en réduisant leur niveau de stress et d’épuisement.
Du côté des fondations, la majorité des institutions qui octroient des subventions disposent d’un personnel réduit. Un récent rapport du Council on Foundations révèle que la taille médiane du personnel d’une Fondation est de quatre personnes. Si les plus grandes fondations sont conçues pour élaborer leurs propres stratégies et financer des organisations qui s’inscrivent spécifiquement dans ces stratégies, ce n’est pas nécessairement l’approche la plus efficiente ni la plus efficace pour une fondation de taille moyenne. En effet, l’approche du soutien basée sur la confiance permet aux financeurs d’être stratégiques, tout en restant modestes, et en valorisant l’expertise des structures financées qui sont au cœur des problèmes qu’elles adressent et donc les mieux placées pour y répondre.
La Fondation Woodcock encourage ainsi les bailleurs qui cherchent à être stratégiques et efficaces, à adopter une approche de la philanthropie basée sur la confiance en :
1) accordant des subventions sans restriction ou des subventions de fonctionnement générales aux structures à impact social/environnemental.
2) considérant le soutien pluriannuel, en particulier pour les organisations
3) discutant avec les bénéficiaires du soutien financier
4) favorisant la responsabilité mutuelle en demandant aux structures financées comment elles peuvent être plus efficaces, et en vous demandant comment vous, en financeur, comment vous pouvez les soutenir plus efficacement.
Pour les organisations en quête de subventions :
- Faites preuve de transparence et d’honnêteté avec les bailleurs sur vos besoins, vos défis et vos réussites. Partagez vos apprentissages et vos retours d’expérience, et invitez-les à faire de même.
- Demandez des subventions non affectées et pluriannuelles qui vous permettront d’allouer les fonds là où ils sont le plus nécessaires et de réduire les charges administratives. Lorsque vous acceptez des subventions restreintes, prévoyez suffisamment de frais généraux et de fonds dans vos budgets pour les imprévus, et demandez à ce qu’ils soient inclus.
- Cherchez à instaurer un climat de confiance et un respect mutuels avec vos financeurs via un dialogue ouvert et la collaboration. Considérez vos financeurs comme des partenaires, et non comme des mécènes, et traitez-les comme tels.
- Plaidez en faveur de pratiques davantage fondées sur la confiance dans le secteur philanthropique et rejoignez des réseaux d’organisations à but non lucratif et de bailleurs partageant les mêmes idées.
- Soyez prêt à refuser les fonds restreints qui ne correspondent pas à votre mission principale ou qui ne s’inscrivent pas dans votre plan stratégique.”
Conclusion
En conclusion, tant pour les bailleurs que pour les organisations à impact social/environnemental en quête de subventions, l’approche basée sur la confiance est une pratique à privilégier puisqu’elle encourage la responsabilité mutuelle, la transparence, la collaboration et entraîne une plus grande efficacité des ressources pour un impact plus significatif.
Pour une lecture complète de l’article, voir le site de SSIR (en anglais).